S’il y a une recette pour résoudre le conflit israélo-palestinien c’est bien celle du Houmous… Bien sûr ! Des pois-chiches, de la crème de sésame et du jus de citron. Une table, des chaises, du Houmous et des pitas : voilà la solution qu’on attendait depuis plus d’un demi-siècle. Rajoutez une histoire d’amour animée et une bonne dose d’humour, mixez le tout et vous avez là la recette du film de Trevor Graham : Make Houmous not war. C’est dommage qu’il n’ait pas utilisé le pilon pour mélanger ces ingrédients car, bien que l’idée reste très agréable, on regrettera le manque de rugosité du film. En effet l’ensemble est récréatif mais il manque de relief, le film nous laisse une impression de mixture vague et désordonnée.
Malgré ce bémol, le film est ponctué de réflexions pertinentes et fertiles et traite la situation en toile de fond d’une manière inédite et loin d’être désagréable. Car ce n’est pas un film sur le conflit israélo-palestinien. On pourrait l’assimiler à une métaphore rafraichissante de ce conflit. Il s’agit de la guerre du Houmous, et ça c’est quand même plus sérieux !
Et puis il faut bien le dire, l’heure de souligner les contradictions de cette guerre du Houmous a sonné pour notre plus grand plaisir. En effet lorsqu’il s’agit de faire le Houmous, et bien que israéliens, palestiniens et libanais se disputent la paternité de la recette, certains israéliens ne jurent que par les cuisiniers palestiniens qui peuplent les cuisines de leurs restaurants, car ce sont eux qui le font le mieux ! Les références aux écrits de la Bible en guise d’arguments pour attester de l’origine de la recette sont croustillantes, et c’est avec de multiples incursions dans les cuisines des bistrots à Houmous que nous déambulons dans le film à la recherche de la meilleure recette… C’est tout de même agréable et ça donne des envies de se jeter sur la première épicerie qui vend des pois-chiches pour tenter de faire sa recette ! Au delà de cette enquête vitale pour l’avenir de la région, Trevor Graham aborde en fait une thématique intéressante et oh combien essentielle : il est vrai que lorsque l’on partage un bon plat convivial on n’a pas envie de se faire la guerre. Enfin, le temps du repas en tout cas. Se nourrir est une activité bien plus importante et lourde de sens qu’il n’y paraît. Ne dit-on pas : Dis moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es. Bon, forcément, si on part de là, on n’est pas près de résoudre le conflit autour du Houmous. Ca explique quand même que lorsqu’il s’agit de partager une assiette d’Houmous, les nationalités se mélangent mais Chut ! Je me tais… On ne parle pas la bouche pleine !
Fleur Frémont