L’Enfant né du vent

L’Enfant né du vent

par Alexandre Carré

Hier, j’ai été voir un court métrage présent dans la sélection Jeune Création du FIPA. Il s’agit de L’Enfant, né du vent de David Noblet, cinéaste encore étudiant à l’Insas. Au détour d’une rue dans la province chinoise, un enfant, Pan, déboule à toute allure avec son vélo. On le suit le temps du film, dans toutes ses activités d’enfants : monter sur un long tube trainant près d’un mur, lancer des cailloux, grimper à un mur, …

Quand Pan joue, il murmure des phrases, que l’on ne comprend pas. Ce n’est pas grave, ce langage là est universel, c’est celui de l’enfance dans laquelle on retombe, le temps du film. Puis, il y a son grand père. Il ne dit pas grand chose, il travaille la terre. Tous les deux ont leurs activités distinctes mais ils se retrouvent le soir pour se voir et se raconter des histoires. Souvent la journée, le téléphone du grand père sonne, c’est le père de Pan qui appelle. Il est en France, occupé à travailler beaucoup, ce qui l’empêche de parler à son fils. A chaque fois il tombe sur la messagerie. La communication est difficile avec le décalage horaire. Pan se construit donc en l’absence de son père. Mais il reste joyeux et émerveillé par tout ce qui l’entoure.

L’absence. C’est le thème principal qui est soulevé dans L’Enfant né du vent. Sans le père aux côtés de Pan, ce dernier se rapproche donc de son grand père.

 

Ce film est simple et beau. Touchant par le regard que portent David Noblet et Pierre Noel Blandin sur lui. Sans fioritures, ils montrent le parcours d’un enfant chinois qui vit loin de son père. Pan nous parle car il ravive notre part d’enfance qu’il y a en nous. On s’imagine, comme lui, grimper des sommets du haut d’un je abandonné pour enfant ou bien se prendre pour un cycliste professionnel avec un vélo miniature. Tout est filmé à hauteur d’enfant, ce qui accentue la vision que Pan a du monde.

Il y a une douce tristesse à voir ce film car, bien que Pan s’amuse à déambuler dans cet incroyable parc pour enfants à l’abandon, on imagine le père, débordé de travail, qui tente chaque jour de pouvoir parler quelques minutes à son fils. Ce film fait donc preuve dans grand hors champ.

David Noblet et Pierre Noel Blandin ont eu cinq semaines pour réaliser ce film. Lors de leur échange scolaire en Chine, ils ont eu des difficultés avant de tomber par surprise sur Pan. Il leur restait alors trois semaines pour faire ce film, tourné avec les moyens du bord : un 5D. Ce n’est pas grave. C’est l’envie qui compte. Et pour notre plus grand bonheur.

Voila ce que je retiens de la plupart des films de la sélection Jeune Création : Le cinéma n’est pas qu’une question de moyens, il est avant tout mu par un désir de découvrir l’autre. Et qu’importe si l’on tourne avec la dernière caméra en date, une image sera belle à partir du moment où on aime celui ou celle qu’on filme. David Noblet le fait avec beaucoup de talent.

L’Enfant, né du vent/ David Noblet/ 20 mn