A propos d’Héritages du réalisateur franco-libanais Philippe Aractingi
A priori,la soirée s’avérait prometteuse. Philippe Aractingi nous proposait d’explorer ses racines en les nouant à l’histoire de son pays : le Liban. La mémoire d’un homme, de sa famille pour raconter l’exil, la guerre et l’attachement à une terre.
Promontoire démocratique au Proche Orient arabe, oasis multi confessionnelle, otage de guerres qui ne sont pas forcément les siennes : tel est le Liban.
Philippe Aractingi a une écriture originale, vivante, parfois émouvante. Il conjugue la fiction et les archives, dans une réalisation souvent brillante où sa famille et lui même jouent leur propre rôle. Seulement voilà, au nom de la dénonciation de la violence, son point de vue d’auteur se confond avec celui d’une classe qui justement a le moins souffert de la guerre : la bourgeoisie chrétienne. Bien sûr, le réalisateur évoque les atrocités de part et d’autre mais lorsqu’il implique sa famille, le spectateur doit compatir à la douleur de l’exil d’une famille unie, fortunée et bien accueillie.
A mesure que le réalisateur nous livre ses interrogations, met en scène ses enfants, l’embarras grandit. Les Aractingi sont heureux, retournent au Liban en toute sécurité autant de fois qu’ils le souhaitent. On peut alors se demander : quelles sont les intentions de l’auteur ?
Son propos est sincère, sa dénonciation de la guerre réelle mais on ne peut confondre les souffrances du peuple libanais et les siennes.
Les dizaines de milliers de morts, les victimes d’exactions, les camps de réfugiés, la corruption, les attentats appartiennent à un autre Liban, celui de tous les jours, celui qu’on ne voit pas et qu’on ne devine pas dans Héritages.