Loro di Napoli, un documentaire de Pierfrancesco Li Donni
A l’heure où Maurizio Sarri, entraîneur du grand SSC Napoli, fait la une des gazettes italiennes pour des propos racistes et homophobes à l’encontre de son homologue Roberto Mancini, à 1000 bornes de là, dans une salle de cinéma de Biarritz, l’Afro Napoli United a fait l’unanimité au FIPA (Festival international des programmes audiovisuels).
Les faubourgs de Naples, migration, football. Voici la Sainte-Trinité dans laquelle nous emmène Pierfrancesco Li Donni avec Loro di Napoli. Le réalisateur italien nous plonge dans l’épopée mélancolique de l’Afro Napoli United, une équipe de football napolitaine, singulière par sa diversité, dans laquelle se mélange le Napolitain de toujours aux migrants venus de tous horizons. Un film où les caresses délicates du ballon rond tentent de remplacer celles des familles trop souvent éloignées et dont la réussite constitue aujourd’hui un véritable pied de nez aux politiques migratoires du gouvernement italien.
Pierfrancesco Li Donni (à gauche) accompagné de son monteur
Le décor est vite planté : aux abords d’un terrain municipal délabré du quartier de Scampia, au siège d’une équipe arborant sur son écusson la verve de Martin Luther King et la signature du Che, Antonio passe des coups de fils se heurtant aux cuistres de l’administration refusant la délivrance des licences de ses joueurs en défaut de papiers. Un long chemin de croix débute alors, entre équipe composée sur le tas, problèmes sociaux-économiques et rêves de grandeur, le pugnace entraineur italien tente, dans son jargon napolitain, de faire interagir le football et le mal-être social que ses joueurs rencontrent. Tantôt coach grande gueule, tantôt père spirituel, le personnage est la clé de voûte du film, représentant une Italie en perpétuelle lutte, passionnée et métissée, qu’il tente de secouer à travers l’ascension fulgurante de l’Afro Napoli United. Esthétiquement propret, dialogues qui sentent bon le football populaire, Loro di Napoli, c’est un peu Coup de tête de Jean-Jacques Annaud à la sauce napolitaine et enrobé de la folie contemporaine de Mario Balotelli. Un film militant dans l’ère du temps, savant cocktail humain, drôle et authentique rappelant au bon souvenir d’un football poétique comme aimait l’appeler Pier Paolo Pasolini, grand cinéaste italien et penseur avisé de son sport favori.
Robin Pierrat