BIARRITZ SURF GANG

Nathan Curren

réalisateur de « Biarritz Surf Gang »

entretien réalisé par Marie Lachaud

Est-ce que tu pourrais te présenter et nous introduire ton film ?

Je m’appelle Nathan Curren, j’ai réalisé Biarritz Surf Gang avec Pierre Denoyel, avec qui je suis ami depuis le très jeune âge, ce film est sorti l’an passé. Nous avons fait un documentaire sur le surf à Biarritz, sur la génération de nos parents des années 80, ce sont des histoires qui nous tiennent à cœur depuis que nous sommes petits.

Je n’ai pas fait de formation dans l’audiovisuel, Pierre non plus, nous sommes amateurs à l’origine. L’idée est venue lorsque je pratiquais le surf, j’étais sponsorisé à l’époque par quiksilver, et je leur ai annoncé mon rêve de faire de la vidéo. L’idée a été chaleureusement accueillie car ils m’ont fait faire comme un stage avec un homme qui s’occupait de l’audiovisuel pour quiksilver. Il était autodidacte et a tout appris sur youtube, c’est comme ça qu’il a pu me transmettre ses connaissances. Nous avions pensé aller en BTS audiovisuel mais dans le monde du surf il y a toujours des opportunités autres, et finalement nous avons été à Hawaï à ce moment-là. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce film a pris autant de temps, nous avons dû vite apprendre sur le tas.

Comment as-tu perçu ta collaboration avec Pierre Denoyel?

J’ai toujours fait de la vidéo avec Pierre, nous avions tout de même réalisés des œuvres chacun de notre coté, mais ce n’était pas de très grands projets. C’est donc très naturellement que nous avons travaillés ensemble pour Biarritz Surf Gang, parce-que nous avons toujours fait comme cela. C’est vrai que nous avons une complicité très spéciale, pour nous ça fonctionne comme ça, nous sommes meilleurs amis depuis toujours, et je ne pense pas qu’on puisse faire autrement pour l’instant. Nous sommes contents de cette expérience. Grâce à Raphaël, au producteur et à toute l’équipe, nous avons réussi à faire un film beaucoup mieux que ce que nous avions imaginé. Dès que nous avons rencontré Raphaël, le projet s’est vraiment réalisé à écrit.

Comment avez-vous rencontré Raphaël et accédé à ce producteur ?

Nous avons une amie qui s’appelle Amaya Gomis qui travaillait avec lui et qui nous a transmis son contact. Nous avons travaillé un an sur le projet ; Nous avons commencé les entretiens, puis en avons fait un montage, ensuite nous sommes montés à Paris, et nous avons rencontré dix boites de production. Avec Raphaël, nous nous sommes rapidement très bien entendu. Il est parti à la recherche de distributeurs : silence radio pendant un an. Nous ne savions plus où nous allions, notre projet n’avançait plus, c’était assez frustrant. Et un jour, Raphaël a réussi à trouver un collaboration avec studio +, et c’est là que nous avons signé. C’était génial, car nous avons pu accéder à de bons moyens. Je ne sais pas encore si nous travailleront avec Raphaël pour notre prochain projet, nous n’avons rien signé pour l’instant.

Comment as-tu vécu le fait de faire un film sur une passion qui t’es propre ? Qu’avais-tu envie de transmettre ?

C’est super, car c’est une passion que nous avons, donc c’est plus facile à exprimer. Je ne sais pas si c’est pas plus une histoire d’hommes, qu’une histoire de surf finalement. Je pense que les sensations que nous en retirons, sont de la motivation, et peut-être aussi du recul face aux problèmes de la drogue. Et je pense, que ça fait vivre un peu le surf. Quand tu écoutes leurs histoires, tu peux t’imaginer un peu ce qu’ils ont vécus aussi.

Le message important que je voulais faire passer, c’est ce qu’il dit Nabo à la fin, c’est que dans la vie, tu es plus heureux quand tu es passionné, et finalement il n’y a que ça de vrai. Il y a un film qui nous a beaucoup inspiré, c’est Valley Uprising, il est un peu dans le même esprit.

Comment avez-vous menés vos entretiens avec les personnages ? J’ai l’impression que vos questions étaient très ciblées, surtout concernant les anecdotes en communs.

Quand tu es à la plage, tu écoutes ces gars te raconter ces histoires. Et c’est un peu comme ça, il y en a un qui commence l’histoire, et l’autre qui la fini. Tout le monde raconte un peu la même histoire, et le montage de nos entretiens nous l’avons travaillé comme ça. Il y en a un qui commence son anecdote, le dessin animé qui suit, et puis son ami qui la termine. L’idée est venue comme ça, de leur façon de parler. De raconter des histoires ça donne un aspect cartoon, dans la tête, dans nos imaginaires c’était vraiment de la caricature.

Peux-tu m’en dire plus sur le fait d’avoir intégré de l’animation dans le documentaire ?

Dans les années 80, il y avait quelqu’un qui s’appelait Raoul Radical qui était connu à Biarritz, il nous a inspiré, et nous nous sommes dit qu’il serait drôle d’avoir comme une bande dessinée dans le film. Le producteur adorait cette idée aussi, alors nous sommes restés là-dedans, nous avons rencontrés Felix et Josselin, deux dessinateurs de notre âge, puis nous avons réussi à nous mettre d’accord sur des designs, et ils ont travaillé trois mois autour de ce projet. C’est comme ça que ça s’est développé.

Comment as-tu pu accéder à ces personnages et à rentrer dans une immersion si intime avec eux ?

Nous avons eu la chance de travailler beaucoup avec Nabo, le narrateur du film, le personnage principal. Il a été très déterminé pour raconter sa vie, tout raconter. C’était un peu le pacte, nous ne voulions pas mentir, nous ne voulions pas embellir cette histoire, et même pour eux, c’était libérateur de raconter tout ça, c’était une bonne thérapie. Pour nous en tant que réalisateurs, c’était surtout intéressant d’avoir une histoire comme celle-là, avec des hauts et des bas.

Quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles vous avez été confrontés ?

Le plus dur ça a été au tout début, le fait de se persuader que nous avions une bonne idée, ça a pris du temps. Un jour tu penses que tu n’as pas de film, le lendemain tu penses que tu n’as pas une bonne idée, le surlendemain, tu penses qu’il n’y a pas de film. Tu ne sais pas trop où tu vas, et il n’y a que toi pour te motiver. A partir du moment où tu es sûr de toi, que tu es motivé, il y a tout qui se déroule comme un tapis.

Comment s’est passé la collaboration avec les techniciens sur le tournage?

Le chef opérateur est Michel Jakobi, c’est un ami surfeur qui habite à St jean de Luz, il avait son assistant, il y avait aussi un preneur de son, Pascal, c’était une petite équipe. C’était un peu une ambiance surf, comme nous nous connaissons bien. Nous avons tourné pendant deux semaines à Biarritz, et nous sommes aussi allés trois jours à Los Angeles pour rencontrer Laird hamilton et Tom Curren. Laird hamilton pour accéder à lui, nous lui avons écrit une lettre et il nous a répondu, c’était une chance, Tom Curren est mon père alors c’était plus simple.

Peux-tu me parler du montage du film?

Notre monteur est Cyril Besnard, nous avons monté trois mois à Paris avec lui. C’était du travail, tellement passionnant, tellement sympathique, surtout de monter avec un homme comme lui, parce-qu’il est très fort. Être un bon monteur ce n’est pas forcément être bon sur le clavier, c’est surtout de savoir interpréter les directions du réalisateur, les retranscrire à l’écran, le plus vite possible, sinon ça met un an. Et là il a été vraiment fort, il écoutait ce que nous disions en travaillant. Au début c’était dur, car nous avions des interviews interminables. Nous avions des personnages qui avaient un peu du mal en interview, nous avons du repartir à Biarritz pour refaire un tournage, il nous manquait beaucoup de phrases par rapport a ce qu’on avait écrit. Finalement nous nous en sommes bien sortis.

 

Comment le film va être diffusé ?

Studio + ont préachetés le projet, et maintenant ils ont l’exclusivité, le film est à eux, nous n’avons plus les droits. De plus avoir les droits, nous nous en rendons pas compte, comme c’est notre premier film, nous sommes vraiment heureux.

Des projets futurs ?

Avec Pierre, nous travaillons sur un autre film, ce ne sera pas du documentaire, ce sera de la fiction. Pour l’instant, nous sommes vraiment au début du processus d’écriture donc c’est un peu difficile d’en parler mais nous sommes vraiment pressés de faire de la fiction, de travailler avec des acteurs. Il n’y aura pas d’obligation de baser notre scénario autour du surf, mais c’est un milieu que nous connaissons bien et que nous aimons, mais nous essayons de pas nous mettre de barrière du tout.

 

https://www.youtube.com/watch?v=zurBrZdHkc8