An Insignificant Man

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Le film « An insignificant man » est un véritable trailer politique qui nous entraine au cœur de la campagne électorale d’un jeune Parti indien Le Aam Aadmi Party. Cette formation, créée en novembre 2012, s’est en effet imposée au centre du jeu politique en quelques mois seulement. AAP a même réussi à prendre la tête du gouvernement de l’État de New Delhi en décembre 2013 alors qu’il n’avait encore jamais disputé d’élection. Cette conquête du parlement régional de Delhi par ce parti qui porte comme principale revendication la fin de la corruption et de profonde valeur démocratique pourrait peut-être nous refaire croire aux vieux rêves démocratiques.

Ce que nous donnent à voir en 100 min des 400h de rushs, la réalisatrice Khushboo Ranka et le réalisateur Vinay Shukla nous happe complètement.

Nous suivons cette campagne trépidante en s’attachant aux personnalités et aux idéaux que défendent ces personnes. Englouti dans cette narration, notre doute est immense face aux possibilités que ce parti puisse renverser les deux grandes parties traditionnelles. Du doute nous passons à l’inquiétude car plus le film avance plus nous sommes proches de ces personnes et attachés à leurs combats.

Le film avance et l’on perçoit une possible victoire. D’imaginer que cette utopie puisse devenir réalité m’a fait basculer tout de suite dans une sorte de suspicion totale en vers ce groupe de gens unis et combatifs travaillants bénévolement.

Tellement habitué à voir toutes formes de révolte et d’ouverture démocratique se terminer par une farce des plus absurdes ou plus traditionnellement par un bain de sang, qu’imaginer que c’est possible est impossible.

Durant la campagne des annonces de la baisse de l’électricité à moins 50% et une part de l’eau gratuite nous laisse penser qu’il glisse vers un populisme irréaliste et facile. Nous avons enfin trouvé la faille. Pourtant la caméra se glisse dans les coulisses du parti et dans l’intimité du leader Arvind Kejriwal et nous livre des moments de vie et de stratégie de campagne qui semblent sincères et honnêtes. C’est là où l’on perçoit le travail sans mesure dans lequel se sont lancés les réalisateurs pour capter les moindres moments de vie. Ils ont mis plus de trois mois pour pouvoir être intégré au plus prêt du cœur de la campagne et ont tournée pendant deux ans. Tout ces moments de vie alliant des moments de repos dans les bureaux, aux bains de foule extraordinaires où l’on se demande comment il était possible de filmer. Cela nous parle de la sincérité et de l’engagement des réalisateurs. La production a également été un engagement car une part considérable des fonts provient d’un financement participatif. Lors du débat après la projection, Khushboo Ranka nous rappelait également l’importance, dans un pays où l’état ne finance pas le cinéma, de la démocratisation du matériel semi-pro tels que les appareils photos et les petites caméras.

En prenant le temps de capter le réel qui se déroule, en s’engageant dans les films que l’on fait, il semble possible d’extraire l’essence du monde pour la donner à boire durant quelques minutes.

Ce film qui devait nous éclairer sur une élection indienne, revient nous donner espoir en un geste et une possibilité démocratique en plus de nourrir nos désirs de cinéma.

Hélas ce n’est pas un film en sélection « grand reportage au FIPA », quelques mois après l’élection de Donald Trump, qui va redonner des ailes à notre croyance au processus démocratique.

Romain Rondet